Les vélis, de quoi on parle?

En 2035, l’UE a fixé la fin de la production de voitures neuves à moteurs thermiques. 10 ans.

Et si c’était l’occasion de remplacer nos voitures certes pratiques mais aussi chères, lourdes, polluantes et énergivores, par des véhicules efficaces, légers, rapides, et économiques ? Si on en profitait pour faire de l’espace public un lieu de rencontres, de cohabitation et de vivre ensemble ? C’est l’Extrême Défi que s’est lancé l’Agence De l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie (ADEME) en 2022.

Une grande diversité de véhicules légers, actifs ou passifs.

Au programme: 3 ans pour développer des VÉhicules Légers et Intermédiaires, “chaînon manquant entre le vélo et la voiture”. Le terme englobe désormais toute une flotte de véhicules de moins de 600 kilos. Le vélo électrique ? Oui, mais aussi une quarantaine d’autres moyens de transports, étudiés pour correspondre à une diversité d’usages quotidiens, ruraux et urbains: vélo-cargo, adapté, vélo-voiture, voiturette... Conçu par des constructeurs.rices, perfectionnés par des usagers.ères, l’association AVELI réunit fabricant.es, industriel.les, associations et particuliers.ères, uni.es par la volonté de les faire entrer dans vos vies. Les premières catégories cumulent les bénéfices. Pratiques, ils permettent de se déplacer de manière rapide sur des distances allant jusqu’à 60 kilomètres pour des prix allant de 500 à 5000 euros selon les modèles.

Distances plus longues et groupes plus nombreux ? Les voiturettes et micro-voitures offrent jusqu’à 4 places pour une autonomie de 120 kilomètres et montent à 80 km/h.

Réparables, peu coûteux à la consommation, les vélis sont aussi plus viables écologiquement.

Ils émettent entre 2 (micro-voiture) et 20 fois (quadricycle léger) moins de carbone qu’une citadine et nécessitent entre 8 (micro-voiture) et 100 (quadricycle léger) fois moins de métaux lourds comme le lithium, le cobalt ou le nickel pour être produites.

Moins d’émission de particules, moins de bruit, plus de place, un air plus pur... L’occasion de repenser la place de la voiture dans nos sociétés ?

La moitié du parc automobile en France est constituée de familles multi-motorisées qui n’ont pas besoin de deux véhicules lourds, conçus pour parcourir plusieurs centaines de kilomètres chaque jour.

Vous pensez que les vélis ne sont pas assez solides et pratiques pour vous accompagner au quotidien ? Testez-les et on en parle !

un “extrême défi” porté par l’ademe depuis 2022

En 2022, L’ADEME lance l’Extrême Défi, un programme d’innovation sur 3 ans afin de développer “de nouveaux modes de transports plus adaptés, légers, sobres et moins chers”. Sortir de la dépendance à l’automobile, on parie ?

L’année 2022 marque le début du projet avec une phase d’idéation, ”Rêvons la roue”. De nombreuses équipes sont sélectionnées, financées et accompagnées pour imaginer des véhicules design, écologiquement composés et faisables. 42 idées voient le jour!

En 2023, c’est la phase de test ! 40 prototypes sont expérimentés dans des territoires partenaires en contexte urbain, rural, sur des plateaux, des chemins, en montagne... Les modèles évoluent pour répondre au mieux aux résultats de ces enquêtes.

L’année 2024 signe le lancement de l’industrialisation de ces véhicules. Un budget de 15M€, débloqué par France 2030, opéré par l’ADEME, permet de lancer la filière : nouvelles entreprises, nouveaux outils de production, tout est à inventer! Née en avril 2023, l’Association des Véhicules légers et intermédiaires (AVELI) qui regroupe fabricants, industriels, associations et particuliers, s’est donnée pour but “d’offrir une alternative crédible aux voitures dans notre mobilité quotidienne”.

Pour cela, elle vise à faire évoluer les réglementations nationales et européennes pour accompagner le développement de ces modes de transports, à les promouvoir et à organiser une nouvelle filière aussi résistante et souveraine que nos écosystèmes.

Tout ce qu’on leur souhaite!

les vélis, on en est où? QUELQUES CHIFFRES

Aujourd’hui, les véhicules légers et intermédiaires les plus développés et vendus en France sont ceux qui se rapprochent du vélo.

738 000 vélos électriques se sont vendus en 2022, 28% de la vente totale de vélos.

On compte aussi 60 000 vélos pliants et 33 000 vélos-cargos. Du côté des quadricycles électriques légers (la catégorie des voitures sans permis), 16 000 véhicules se sont vendus en 2021, le marché se développe.

Côté porte monnaie, il faut compter entre 8 et 12.000€ pour un quadricycle léger (45 km/h) et entre 15 et 20.000€ pour un quadricycle lourd (90 km/h). Ces prix restent élevés mais seront diminués par diverses aides à l’achat ainsi que par le développement de la filière.

Du côté des véhicules hybrides, plusieurs prototypes sont en cours d’industrialisation depuis 2024, dans le cadre de L’Extrême Défi porté par L’ADEME.

Pour Frédéric Héran, économiste des transports et urbaniste au Centre Lillois d’études et de recherches sociologiques et économiques, “C’est tout un ensemble qu’il faut faire évoluer par une approche systémique, en commençant par la publicité. Les constructeurs automobiles consacrent 10 à 15% de la valeur de la voiture dans la publicité. Tant que l’imaginaire sera verrouillé, on ne pourra pas avancer.”

Pour Aurélien Bigo, chercheur sur la transition énergétique et les transports, la suite de leur développement “dépendra des soutiens apportés par les politiques publiques pour aider la filière à passer à l’échelle industrielle, de l’engouement du public, et des contraintes globales comme le prix des carburants.

“C’est tout un ensemble qu’il faut faire évoluer par une approche systémique, en commençant par la publicité. Les constructeurs automobiles consacrent 10 à 15% de la valeur de la voiture dans la publicité. Tant que l’imaginaire sera verrouillé, on ne pourra pas avancer.”