Désintoxiquez-vous de l’aUTO

EN PARTICIPANT À UN CERCLE DE PAROLE DE L’ASSOCIATION DES AUTOMOBILISTES ANONYMES

Notre addiction aux “plaisirs” de la voiture est si profonde qu’il paraît impossible de s’en passer. Nous sommes tous·tes des Automobilistes Anonymes : conducteur·ice, passager·ère qui nous laissons transporter par les autres, enfants véhiculés par les les plus grand·es, usager.ère des transports en commun. La voiture représente la liberté ultime.

L’Association des Automobilistes Anonymes propose des groupes de parole pour ouvrir les yeux sur les méfaits de la voiture, pour trouver ensemble la force de résister à ses charmes, pour partager des solutions salubres de transport. Ludique et malin.

NOTRE ASSOCIATION lutte
pour déconstruire sans DETRUIRE

par PAUL SILO

Lorqu’on croise la route de Paul Silo, on est d’abord saisi en plein vol par sa diction lente, profonde, réfléchie. Et puis par ses gestes amples et mesurés. La course incessante du quotidien semble s’éloigner. L’espace pour ses mots de résonner en nous.

Ces qualités sont autrefois celles qui donnaient à l’achat crédité de ce Dacia Duster à 20 000 euros l’apparence d’un choix raisonnable et sensé. La voiture, Paul Silo connaît. L’histoire est aussi classique qu’un récit d’ascension sociale pour la classe moyenne d’une ville moyenne. D’abord revendeur dans un concessionnaire de l’Est, son contact client impressionne. Il devient commercial pour une grande entreprise du secteur automobile, fleuron de l’industrie française. On lui attribue la mission de rendre son entreprise numéro 1 sur le marché des voitures de fonction. Pour cela, ils déplacera en voiture de fonction. Ses enfants sont impressionnés lorsqu’il vient les chercher en berline. Simple, non? Il sera l’artisan et le consommateur tout à la fois. Irradiation directe. Qui mieux que Renault peut entretenir votre Renault?

La voiture s’infiltre dans son quotidien, en intraveineuse. Du réveil lorsqu’il prend ses clés pour aller démarcher au sommeil lorsqu’il s’endort devant les publicités. Il connaît la réthorique et les critiques de la bagnole par coeur. Pour argumenter, il faut connaître son ennemi. Surtout à l’ère des politiques RSE!

C’est lorsqu’on lui retire sa voiture de fonction que tout bascule. L’entreprise est passée entre les mains d’un conglomérat étranger, il s’agit d’économiser. Fini les privilèges de cadre. Il s’observe traverser les cinq étapes du deuil, un peu surpris: choc, déni, colère, négociation, tristesse. Il observe les cyclistes passer devant sa fenêtre. Il apprécie d’emmener ses enfants à l’école à vélo, ce sont des moments privilégiés et précieux. Alors pourquoi cette pulsion de bagnole continue de l’habiter? Il reconnaît là les comportements de l’addiction. Ce sont les techniques d’hypnose et de relaxation qui l’aident à reprendre pied.

“il a fallu un événement banal (la perte de ma voiture de fonction) pour que je réalise mon auto-dépendance. Mais cette prise de conscience m’a été salutaire, elle a changé ma façon de me déplacer. Je pense que tout le monde a besoin de passer par ça et c'est pour favoriser ces prises de conscience que j’ai créé les cercles AAA”

Les cercles de son association, les Automobilistes Anonymes, sont rapidement un succès. Il s’avère que beaucoup de gens souhaitent redonner à leur voiture une place d’utilité, sans y parvenir. Lorsqu’on lui demande ce que ces cercles lui apportent, son visage s’éclaire:
“les idées qui germent avec les personnes qui participent aux cercles sont bien plus la projection d’un futur désirable que la critique d’un moyen de transport dépassé”. Ensemble, les anonymobilistes explorent des transports plus sains et adaptés à leurs déplacements, et se soutiennent au moment de sauter le pas.

“c’est toujours très beau quand des enfants participent aux cercles AAA. Ils commencent toujours par dire que c’est un cercle “ah ah ah!”, ce qui fait toujours rire mais ensuite ils ont toujours énormément à dire sur les manières dont ils subissent l’auto et sur les façons dont ils rêvent l’espace sans voiture, sur ce qu’on peut imaginer à la place…”